《基督下十字架》—鲁本斯

法国里尔美术馆2004门票
【画名】《基督下十字架》或《下十字架、卸下圣体》 La descente de croix
【作者】彼得·保罗·鲁本斯(Peter Paul Rubens 1577—1640年)
【年代】1616—1617年
【尺寸】425 × 295 cm
【馆藏于】法国里尔美术馆Palais des beaux-arts de Lille
这幅画1616年为里尔嘉布遣会教堂所绘,作品在感情的含蓄方面,体现了画家超凡的表现力。画面的人物没有太多感情,因为教会不允许人物有太多的感情流露。画家主要是通过人物动作和情节描写,来表现神圣的悲剧。画面描绘的是基督被人从十字架上抬下来的情景,作品渗透着一种内在的巨大的悲情。亲人们正默默地把基督从刑具上卸下来,以便安葬。画面上没有夸张的动作,没有痛苦的哀号,都仍让人感受到巨大的悲伤和哀痛。

Lorsqu'il peint cette Descente de Croix en 1616 pour la chapelle du couvent des Capucins de Lille, Pierre Paul Rubens est un artiste célèbre. Il est, depuis 1609, le peintre officiel de la Cour de l'archiduc d'Autriche, Albert, qui a reçu les Pays-Bas en dot lors de son mariage avec l'infante Isabelle d'Espagne. Il vit à Anvers où il a fait construire un palais (aujourd'hui appelé le Rubenshuis – la maison de Rubens) sur le modèle des palazzi italiens de la Renaissance, et dans lequel il a installé son atelier. Un triptyque récent, achevé en 1614 pour la cathédrale de sa ville, a définitivement assis sa réputation. Il s'agit aussi d'une Descente de Croix, pendant d'un autre triptyque peint en 1610 pour la même cathédrale Notre-Dame d'Anvers, L'érection de la Croix, pour lequel Rubens fait preuve d'une grande originalité en montrant une scène inédite dans l'histoire de l'art.
Le première Déposition (le triptyque) a sans doute servi de modèle à la deuxième – cette dernière étant, autre grande originalité dont fait preuve Rubens, le premier retable composé d'un seul panneau. On y voit des compositions assez proches, centrées sur le corps et le linceul du Christ, un cercle grossier qui se déploierait en ellipse. Les diagonales, définies par le linceul et autour desquelles s'enroule l'ellipse, sont inversées. Le clair-obscur caravagesque, hérité de son voyage en Italie entre 1600 et 1608, plus présent dans le triptyque, se trouve adouci dans le tableau de Lille. Ce dernier apparaît moins ouvertement dramatique, bien qu'il montre, signes de la crudité baroque, le corps livide d'un cadavre et, au premier plan, les clous ensanglantés du supplice. Sans doute parce que la lumière artificielle, autre signe du baroque, y est moins violente, moins contrastée. Le tableau de Lille est un oxymore : un voluptueux déchaînement.
On y reconnaît Nicodème et Joseph d'Arimathie, tous deux membres du Sanhédrin (à la fois le tribunal et l'assemblée législative du peuple juif), deux notables devenus disciples de Jésus, détachant de la croix, avec l'aide d'un serviteur musclé, le corps du Christ que soutient Jean. Au pied de la croix se trouvent les trois Marie éplorées : la Vierge, Marie-Madeleine et Marie-Cléophas, personnage énigmatique en qui certains voient la propre sœur de la Vierge.
Enfin, tout en bas du tableau, la bassine de cuivre, la couronne d'épines, le périzonium tâché de sang, l'éponge et les clous forment une nature morte d'une grande délicatesse. Cette bassine achève (ou commence) l'ellipse qui passe par la robe violine de Marie-Madeleine, son bras, le torse de Jean, le linceul entourant le bassin du Christ, la main de Nicodème, le corps du serviteur, la traverse de la croix, ligne qui redescend selon la diagonale marquée par le bras de Joseph et le linceul déployé, diagonale s'achevant par le bas de l'échelle accolé à la bassine. Une merveille !
On peut aussi suivre la partition quasi musicale des mains et des figures, les courbes et les angles qu'elles décrivent, les suites d'arabesques, la splendeur du plissé des robes et des tuniques, la magnificence des couleurs, leur harmonie… Reste ce personnage étrange au second plan, descendant de l'échelle au sommet de laquelle est juché Joseph d'Arimathie (lequel, dans le triptyque d'Anvers, retient le linceul entre ses dents !), coloré de rouge par les derniers rayons d'un soleil tragique, et qui paraît s'être échappé d'un tableau de Delacroix…

编辑:王建